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Publié dans l’Echo le 25 avril 2019
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La participation transversale est une opportunité historique pour répondre aux prochains défis sociétaux cruciaux. Elle semble être un outil efficace pour réduire l’injustice sociale, l’exclusion ou le stress au travail.
La demande pour des politiques participatives dans toutes les sphères de la société s’inscrit dans un contexte de déficit de confiance envers les élus, de croissance des inégalités sociales et de manque de solutions créatives face à de nombreux enjeux historiques. Plusieurs indicateurs démontrent que l’écart entre les élites politiques, technocratiques, économiques et la population ne cesse de s’agrandir. L’abstention électorale connaît des taux historiques. La participation moyenne dans tous les pays membres pour les élections européennes est passée de 62% en 1979 à 42% en 2014.
Des pans entiers de la population sont sous-représentés, tant le profil sociologique des députés n’est pas du tout représentatif. A titre d’exemple, alors que plus de la moitié des Français sont employés ou ouvriers, seulement 2,6 % de leurs députés proviennent de ces catégories socioprofessionnelles. La rupture entre managements et employés suit la même tendance. Le coefficient de « gini » qui mesure les inégalités est en croissance continue et le nombre d’exclus d’une façon ou d’une autre de la société augmente constamment.
Face à ces déficits démocratiques, des voix s’élèvent pour reprendre le contrôle sur nos propres vies. Souvent, ces périodes de crise sont propices au climat de révolte, à la mise en place de dynamiques collaboratives et à la résurgence d’une énergie créatrice instinctive.
Dans ce contexte, la participation transversale est une opportunité historique pour répondre aux prochains défis sociétaux cruciaux. Elle semble être un outil efficace pour réduire l’injustice sociale, l’exclusion ou le stress au travail.
Dans le même ordre d’idées, nous constatons actuellement que c’est la prise de conscience et la mobilisation citoyennes qui ont contraint les décideurs à envisager de prendre des mesures ambitieuses pour l’environnement.
Créer une culture participative efficace
Le monopole de la prise de décisions détenu par les politiciens et les dirigeants d’entreprise empêchent la population ou le personnel de penser par eux-mêmes : nous avons perdu l’habitude de réfléchir.
A l’inverse de cette logique, réinventons une culture participative et un climat de confiance. Celle-ci se crée depuis le plus jeune âge, à l’image du système éducatif hollandais qui incite les jeunes – dès les secondaires – à participer et à faire entendre leur opinion.
Bien sûr, des obstacles existent, notamment certains groupes sociaux réfractaires au changement : le middle management égocentré en quête de promotion ou des politiciens peureux à l’idée d’étendre la prise de décision quand il s’agit d’enjeux significatifs. Ce manque de confiance et de transparence est un frein majeur à une répartition plus équilibrée des richesses et du pouvoir. En effet, un mouvement ne se met généralement en route seulement lorsque le dualisme est dépassé et la confiance acquise.
Pouvoir décentralisé
Ce n’est pas étonnant de constater que les expériences de démocratie participative efficaces ont tendance à fonctionner à l’échelle de villes ou de régions.
Pionnière des budgets participatifs, depuis 1989 la ville brésilienne de Porto Alegre laisse décider ses habitants des priorités pour tous les investissements de la municipalité. En Autriche, le land du Voralberg a développé un outil, le Bureau des questions du futur, pour encourager la participation et donner plus de pouvoir aux citoyens.
Récemment en Belgique, la communauté germanophone s’est dotée d’une assemblée citoyenne tirée au sort. Une première en Europe !
Résultats tangibles pour chacun
La participation risque d’être faible si des résultats tangibles et des changements visibles ne sont pas perçus. A quoi bon participer si les ressources allouées ne permettent pas de résoudre les problèmes désignés ? Pour stimuler l’implication citoyenne, il est nécessaire que les dispositifs participatifs décentralisés se voient allouer d’importantes prérogatives et de vrais budgets. Aussi, l’avis exprimé – des employés ou des citoyens – doit être respecté par la suite. Sans ces précautions, la démocratie et la gouvernance participatives risquent de n’être que de la poudre aux yeux – et contre-productives.
Multi-solutions systémiques
Aucun grand enjeu sociétal ne peut être résolu si nous tentons de le résoudre de manière isolée. Nous devons y faire face en apportant des multi-solutions systémiques.
A chaque fois, l’humain doit être au centre des préoccupations. Une participation transversale permet de résoudre partiellement des problématiques globales telles que la justice sociale et climatique.
Elle nécessite une triple prise de conscience : des citoyens qui doivent “se mêler de ce qui ne les regardent pas” ; de nouvelles formes de gouvernance transparentes et participatives dans les entreprises ; et une nouvelle conception de politiques publiques délibératives et partagées.
Le Club of Brussels est un groupe de réflexion sur la transition économique. Les experts signataires sont : Vincianne Gillard, Marc Ruelle, Michel de Kemmeter, Eve Calingaert, Elise Tilmans, Didier Lodewyckx, Didier Van Rillaer, Bruno Arnould, Patrick Versée, Antoine Arnould, Thierry Pauwels, Olivia Mariaule.