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Publié dans Cathobel le 2 juin 2019
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Responsabiliser et impliquer entreprises et individus ainsi que créer des partenariats, c’est le leitmotiv de Michel de Kemmeter, ingénieur-économiste et fondateur de Wise Holding. Il s’agit d’un groupe d’experts et d’entrepreneurs qui accompagne les particuliers et les entreprises dans la transition économique, responsable et sociale.
Michel de Kemmeter est en train de changer la manière de trouver des solutions aux enjeux que rencontrent les entreprises. Son modèle de l’économie s’appuie principalement sur le collaboratif. “Cela fait vingt ans que je fais des recherches sur la transition économique. Ici on s’est rendu compte que les entreprises elles-mêmes ne seraient pas capables de passer le cap des dix prochaines années. Il fallait venir avec une philosophie complètement nouvelle de l’économie”, explique-t-il.
Par ailleurs, il faut aborder un problème dans son ensemble – c’est-à-dire de façon systémique – au lieu de n’avoir qu’un seul angle de vue. “Si on ne prend qu’une partie du problème – rien que les déchets ou la gouvernance ou le style managérial, on ne trouve qu’une partie de la solution.”
Valeur(s) ajoutée(s)
Pour développer des solutions durables et à haute valeur ajoutée, l’équipe de Wise Holding a créé le projet “Extrapreneurs”, fi n 2017. Il rassemble des personnes créatives et innovantes – récemment diplômées ou en reconversion forcée ou volontaire – et des entreprises qui ont besoin de résoudre des problèmes. Contrairement à l’entrepreneur, qui assume le risque et manque souvent de ressources, l’extrapreneur crée un projet avec les ressources d’une grande entreprise mais sans compromettre sa vision.
Les entreprises sont donc stimulées à innover, elles apportent les moyens financiers (30.000€) et délèguent du personnel dans l’excubateur (c’est-à-dire un incubateur de solutions situé hors des murs de l’entreprise). “C’est tout un travail d’expliquer concrètement la valeur ajoutée que cela peut signifier pour les entreprises de collaborer entre industries, d’oser innover de façon différente, au service du progrès et du portefeuille. Comme ils sont tous repliés sur eux-mêmes, ils passent à côté d’opportunités fabuleuses.”
Réflexion globale, action locale et durable
Dix-sept solutions ont déjà été trouvées et sont mises en place. Par exemple, “un des gros problèmes du recyclage c’est le transport et l’incinération. En créant des petites unités de recyclage décentralisé – au pied des hôpitaux, des immeubles, à côté des shoppings – nous pouvons traiter localement les déchets organiques, broyer les plastiques… Cela permet d’avoir de la matière première sur place et de créer des emplois locaux. Le recyclage des déchets alimentaires fournit du compost et des calories sur place dans des serres où on fera pousser des légumes. On crée ainsi des mini écosystèmes locaux. Personne n’y croyait mais cela répond à plein d’enjeux du recyclage.”
Une solution aux questions d’habitat va aussi voir le jour: “Neuf petites maisons écologiques et zéro énergie pour moins de 750€/mois, toutes factures comprises.”
Ne pas créer de déchets
Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas! Michel de Kemmeter annonce d’ailleurs la création d’un projet d’économie circulaire: “La réflexion est déjà en cours, on vient de discuter avec un des plus gros pollueurs de Belgique. Avant, ils n’osaient pas parler de leur problème de gestion des déchets à leurs clients et fournisseurs. Maintenant qu’ils commencent à en discuter, tout le monde vient aussi avec ses problèmes et ils se rendent compte que nous avons des solutions pour leurs clients. On va donc vers plus de collaboration, d’efficacité de ressources, moins de déchets…”
Le projet “Extrapreneurs” s’appuie donc sur la puissance créative de tout un chacun et sur l’effi cacité systémique (autrement dit la recherche demulti-solutions). Son concepteur assure que ces projets sont rentables et créateurs d’emplois tout en répondant à un – mais souvent plusieurs – des 25 enjeux sociétaux.
Quels enjeux?
25 enjeux (démographie vieillissante, infrastructures vieillissantes, bâtiments vieillissants et énergivores…) pour lesquels Michel de Kemmeter et son équipe ont fixé des dates butoirs pour y répondre. Par exemple, en
2025, la Wallonie perdra une bonne partie des subventions de la Flandre et devra donc payer seule les pensions, le chômage… L’équipe est actuellement occupée à chiffrer et calculer les coûts de tous ces enjeux. Mais cela ne l’em-
pêche pas d’avancer en rassemblant les forces et les énergies.
Pour trouver des solutions durables, il faut sortir du cadre, prendre de l’alti-
tude. A l’instar du Suisse Bertrand Piccard – celui qui a créé l’avion solaire Solar Impulse –, les extrapreneurs ont adopté la devise: “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.”
Nancy Goethals
Journaliste multimédia